J’ai grandi en Savoie, dans la maison-atelier de ma mère Marie Chabrière, elle-même peintre, où dessiner et peindre faisaient partie du quotidien comme boire ou manger.
Puis, dès mes 20 ans, j’ai eu la grande chance de vivre entourée d’œuvres exceptionnelles collectionnées par mon beau-père : grandes toiles de Nicolas de Staël, Bram van Velde, vastes espaces argentés de Geneviève Asse, ou encore précieux petits formats de Lanskoy, Charchoune, Jacques Villon et autres grands artistes.
Tout à coup, j’ai découvert un monde inconnu et bouleversant.
Il m’est souvent arrivé d’accompagner mon mari, Jean-François Bauret, lorsqu’il allait photographier ces artistes dans leur atelier. Certains d’entres eux sont devenus des amis.
J’ai ainsi plongé très tôt dans le cœur de la créativité.
Mes 20 premières années de travail pictural m’ont amenée à aborder toutes sortes de techniques, huile, acrylique, peinture industrielle glycérophtalique, collages, la pratique du pastel accompagnant toutes ces périodes comme le son de la tampura dans la musique indienne.
Puis je me suis progressivement consacrée à ce médium dont la qualité et variété de pigments ainsi que la texture m’ont apporté pratiquement tout ce dont j’avais besoin pour traduire ma vision de la peinture.
Je n’ai cependant pas abandonné le plaisir d’explorer d’autres domaines, telle la pratique du papier froissé, l’usage de la pierre noire ou de la mine de plomb, chaque technique engendrant son univers.
Parallèlement, la photo et sa magie de la captation instantanée d’une vision qui ne saurait se dire autrement sans devenir laborieuse, accompagne mon quotidien.
Tout est bon à prendre pour celui qui veut transformer, transcender la matière pour tenter sa chance d’être un « passeur ».